Le français n'est pas ma langue maternelle, je suis encore en train de l'étudier. Je traduis mes fanfictions juste pour m'entraîner. J'espère que ce soit au moins compréhensible. Ne soyez pas trop durs avec moi :')
Mou modoranai
(On ne peut plus revenir)
Chinen était de mauvaise humeur.
C’était mars ; la température était un peu plus supportable après le froid de l’hiver, qui cette année avait été plus gênant que d’habitude.
Il aurait aimé bien sortir, il aurait aimé bien faire quelque chose, profiter de cet après-midi où il ne devait étudier ni bosser.
Il aurait aimé bien se détendre, mais il y avait quelque chose en lui qui l’empêchait.
Une pensée qui s’était transformé en obsession, qui le tourmentait depuis déjà longtemps.
Takaki Yuya.
Ces derniers temps, il n’avait eu beaucoup d’occasions pour le rencontrer.
Ils étaient ensemble au boulot, le peu de temps qu’ils pouvaient, ils avaient eu des programmes, des interviews et des performances, mais ils n’avaient pas eu l’occasion pour parler.
Ils filmaient, ils avaient à peine le temps de se dire un mot de circonstance, et puis ils partaient, sans jamais prolonger le temps passé ensemble.
Et cela manquait à Chinen.
Il s’était déjà habitué à une certaine routine.
Ce n’était pas rare que pendant la semaine Yuya et lui sortaient ensemble ; ils faisaient du shopping, ils se baladaient sans but, sans faire rien de spécialement amusant, mais pour Yuri ces après-midi étaient la meilleure chose qui lui pouvait arriver.
Il aimait bien être avec Yuya, il trouvait ça agréable.
Il s’amusait à le provoquer, à se moquer de lui, souvent de façon lourde, mais il savait que le plus vieux ne s’en prenait jamais au sérieux.
Il se sentait… bien, quand il était avec lui.
Il était toujours là quand il en avait besoin, ou même quand le voir n’était qu’un caprice.
Il le satisfaisait dans tout ce qu’il demandait, même les choses les plus absurdes.
Même quand tout le monde avait commencé à lui faire remarquer qu’il n’était plus un enfant, qu’il avait quinze ans et qu’il était grand temps qu’il grandissait.
Takaki ne s’en apercevait même pas.
Par ailleurs – même si Chinen n’allait jamais admettre ça – cela l’aidait à ne ressentir pas la solitude qui l’atteignait de temps en temps.
Il s’efforçait pour sembler fort, comme s’il n’avait besoin de personne pour continuer sur son chemin, comme s’il cherchait de la compagnie juste pour caprice et pas pour nécessité, mais en vérité il détestait être seul, bien qu’avec le temps il s’était habitué.
Ses parents n’étaient jamais à la maison, et il s’était concentré toujours sur ses engagements avec la Jimusho, avec le seul résultat que dès qu’il avait un moment de liberté, il ne savait même pas avec qui le passer.
Il avait commencé à avoir des amis, avec les temps, en dépassant sa méfiance naturelle et en laissant que du monde s’approchait de lui, bien que cela avait pris du temps.
Mais personne pour lui ne se pouvait comparer à Yuya.
Enfin il avait dû composer avec lui-même, et admettre que ce qui le liait au plus vieux ne pouvait pas être juste de l’amitié.
Pas quand il tenait tellement à lui, pas quand il lui manquait, pas quand il se retrouvait à errer vers des pensées qui le concernaient, souvent sans faire ça exprès.
Chinen s’était convaincu depuis déjà des semaines.
Ce qu’il ressentait pour Takaki, c’était quelque chose de plus.
Et la réalisation d’être amoureux de lui ne le faisait sentir pas du tout mieux.
Il mit les mains sur les temps et massa de façon circulaire, dans l’espoir que la migraine partait.
Il avait marre d’y penser. Il avait marre de chercher une solution à son problème.
Il savait que s’il l’avait vu, s’il était arrivé à parler avec lui, tout serait allé mieux. Il serait allé mieux.
Il soupira, en regardant le portable dans ses mains.
Il savait que le plus vieux était occupé avec l’étude, qu’il allait obtenir son diplôme dans un mois.
Et vraiment, il ne le voulait pas déranger à ce moment, surtout parce qu’il savait qu’il avait du mal à se concentrer, qu’il n’avait pas envie de s’y mettre.
Il se sentit égoïste, parce qu’il savait que Yuya allait profiter de n’importe quelle excuse pour éviter d’étudier.
Tout en ignorant cette sensation, il envoya l’e-mail.
Puis il attendit.
Il avait marre d’être tout seul.
*
Comme prévu, Yuya avait saisi l’occasion.
Il avait répondu immédiatement au e-mail, en lui disait qu’il n’avait aucun problème à le rencontrer et puis en lui demandant qu’il allait chez lui.
Chinen avait ignoré la culpabilité, parce que ce n’était pas le moment d’en prouver.
Il avait souri, satisfait, et il avait dit au plus vieux qu’il allait arriver bientôt.
D’accord. Je t’attends !
Cette réponse le fit sourire encore.
Il l’imaginait : un sourire sur ses lèvres et une expression satisfaite, alors qu’il fermait les livres et allait dans la cuisine pour se préparer du café.
Chinen parvenait toujours à l’imaginer dans des situations quotidiennes. Et même si ça aurait dû lui sembler inquiétant, il le fascinait plutôt.
Il l’imaginait parce qu’il y avait quelque chose qui les liait, et Chinen en était sûr.
Il ne fallait que donner un nom à ce lien.
Quand il se retrouva face à la porte de sa maison, il sonna fermement à la porte.
Il eut l’impression que Yuya l’attendait près de l’entrée, parce qu’il l’ouvrit après moins que vingt secondes, avec un sourire éclatant dans son visage.
« Chii-chan ! » il exclama dès qu’il le vit. « Ah, je suis content de te voir. » il lui dit, distraitement, en s’écartant pour le laisser entrer.
Chinen sourit à son tour, heureux pour l’enthousiasme de Yuya.
Il enleva ses chaussures et les abandonna dans l’entrée, puis il le suivit dans le salon.
Yuya s’assit sur le canapé, l’air fatigué, et il fit signe au plus jeune parce qu’il s’asseyait sur le fauteuil face à lui.
« Qu’est-ce que t’as fait ces dernières semaines, Chii ? » il lui demanda, alors que Yuri ignorait l’indication et allait s’asseoir à côté de lui, en commençant à pincer sa jambe.
Aucun des deux ne prêta attention à cela ; c’était normal, quelque chose qui faisait partie de leur routine.
Takaki savait que Chinen était bien enclin au contact physique, et il lui laissait faire ça.
« J’ai fait rien de spécial. Je suis allé au bahut, j’ai étudié… un tas de choses très ennuyeuses. » il lui répondit, avec une grimace.
« Tu devrais sortir. T’amuser. Essayer d’être avec tes amis quand t’en a le temps. » lui répondit le plus vieux, d’un air absorbé.
Chinen haussa les épaules.
« J’ai aucune envie de sortir avec mes camarades. Ils sont pas grand-chose, tu le sais. » il mordit sa lèvre, en hésitant. « Ça m’a manqué, de te voir. Ces derniers temps on a pas eu le temps de parler même pas au boulot. » il lui dit ensuite, en essayant de garder un ton neutre.
Yuya le regarda et baissa la tête en signe d’excuse.
« Je suis désolé, Chii, vraiment. Mais… j’ai beaucoup de choses à l’esprit. Je voulais pas te négliger. » il lui expliquait, et Yuri s’empressa de le rassurer.
« T’inquiètes pas, je comprends que t’as été occupé, que t’as même pas eu le temps de penser à moi. C’est pas un problème. » dit-il, en montrant un sourire de sincérité questionnable. « Plutôt… comment ça va avec l’étude ? » il demanda ensuite, et il haussa les sourcils avec une expression curieuse quand il le vit se mordre une lèvre et rougir.
« Eh bah, je te voulais parler de ça… » il commença, incertain, sans plus le regarder. Il fit une pause, avant de relever les yeux. « Je vais quitter l’école. » il lui dit ensuite, sa voix à peine audible.
Chinen le regarda pendant en moment, les yeux grand ouverts, avant de réagir.
« Ça veut dire quoi tu quittes l’école ? Mais le diplôme est dans un mois et… » il commença à dire, mais Takaki l’interrompit tout de suite.
« Un diplôme que je vais jamais avoir, pas dans ma condition actuelle. Et j’ai aucune intention de redoubler l’année. » il répliqua, sa voix plus ferme maintenant. Il soupira et se passa les mains sur le visage, comme pour éloigner les mauvaises pensées. « Je t’en prie, Chinen. J’ai décidé ça depuis une semaine, je l’ai dit à mes parents et j’ai déjà entendu toutes les objections et les leçons possibles. Il me faut pas que tu fasses pareil, merci. » il lui dit, d’un ton qui montré toute son irritation.
Chinen rougit, mal à l’aise pour avoir été reproché.
D’ailleurs, cela n’arrivait jamais.
Il pensait avoir poussé toutes les limites du plus vieux, les avoir bien dépassées, sans que Yuya ne clignait jamais des yeux.
Ce défouloir soudain le fit sentir… bizarre. Comme s’il venait d’être attaqué.
Yuya dût remarquer ça, parce qu’après un instant il soupira et se pencha vers lui pour le serrer dans les bras.
« Je suis désolé, Chii, j’avais pas l’intention d’être si brusque. Mais j’ai marre d’entendre que je devrais pas quitter maintenant, que c’est moi qui me décourage et que je devrais au moins essayer jusqu’à la fin. » il s’éloigna du plus jeune et haussa les épaules. « Je connais ma situation, et c’est pas une décision que j’ai prise à la légère. » il conclut, en se mordant une lèvre.
Chinen hocha la tête pour dire qu’il comprenait.
La sensation de malaise était disparue, étouffé par cela bien plus pressante des bras du plus vieux.
Il se tut, parce qu’il ne savait pas quoi ajouter dans cette situation.
Il essayait de se répéter qu’il n’était pas à lui de contester les décisions de Yuya, mais bien qu’il y essayait, il ne parvenait quand même à se convaincre qu’il comptait tellement peu pour lui.
Il était prêt à dire quelque chose, quand ses yeux rencontrèrent la chambre, dont la porte ouverte montrait le placard et l’uniforme suspendue à l’une des portes.
Il la regarda pendant un moment, avant de se libérer de la prise que Yuya gardait encore sur son bras et se diriger vers la chambre.
Il se mit face au placard, en contemplant l’uniforme.
Takaki l’atteignit, plus calmement.
« Qu’est-ce qui t’arrive, Chii ? » il lui demanda, et le plus jeune put entendre de la confusion dans sa voix, dont il se ficha.
Il se retourna vers lui, se mordant une lèvre.
Yuya n’allait plus retourner à l’école.
Il n’allait pas être présent à remise de diplôme.
Il n’allait pas être là le dernier jour, là où Chinen l’avait imaginé beaucoup de fois.
Il le voyait s’approcher de n’importe quelle fille ou garçon, et lui donner le deuxième bouton de l’uniforme.
Il l’avait imaginé. Plusieurs fois, jusqu’à la faire devenir une obsession, parce qu’il voulait ce bouton, il voulait que c’était à lui, il voulait que Yuya lui le donnait.
Mais maintenant la situation était différente.
Maintenant il était dans sa chambre, et il regardait le vêtement avec la certitude qu’on n’allait plus le porter.
Il n’y avait personne d’autre, et Yuri savait que c’était son occasion.
« Est-ce que tu pourrais me donner le deuxième bouton de ton uniforme ? » il demanda, en murmurant.
Il n’avait jamais été du genre à s’embarrasser.
Il était du genre à demander de façon directe ce qu’il voulait, ou au mieux à donner des indices assez précis parce que tout le monde le satisfaisait.
Mais cela était différent.
Il y avait des implications dans cette demande, des implications qu’il tenait à souligner. Des implications qu’il aurait aimé que Yuya comprenait.
Mais quand il vit le regard sur le visage du plus vieux, il s’aperçut que ça n’allait pas être simple.
Takaki avait froncé les sourcils et avait regardé alternativement Chinen et l’uniforme, de plus en plus confus.
« Je crains pas comprendre, Yuri. » dit-il enfin, alors que les rides dans son front devenaient profondes.
Le plus jeune soupira et essaya de réaliser s’il n’avait pas compris sa demande ou s’il faisait semblant de ne pas comprendre.
Il le regarda : son expression était sincèrement pensive, comme s’il s’efforçait pour résoudre un problème.
Il soupira encore.
Il devait prendre une décision, et vite.
Aller de l’avant ou s’arrêter.
Il regarda le deuxième bouton de l’uniforme de Yuya, résigné.
« J’aimerais bien l’avoir. » il insista, en essayant de faire semblant qu’il n’y avait qu’un simple caprice sous sa requête.
Takaki continua à le regarder, et Yuri se sentit bien trop exposé face à ces yeux.
Il fit une expression innocente et lui sourit, comme si toute la situation était parfaitement normale.
Enfin, Yuya s’approcha de l’uniforme, il força le bouton et le détacha, pour ensuite le tourner dans sa main.
« T’es sûr qu’il y a pas autre chose que t’aimerais bien me dire, Chii ? » il lui demanda, d’un ton doux que Yuri n’aima pas du tout.
C’était le ton qu’on utilise avec des enfants.
C’était le même ton que tout le monde utilisait en s’adressant à lui, pour ensuite lui dire qu’il était trop vieux pour ça.
C’était un truc qu’il détestait, et jusqu’à ce moment-là Yuya n’avait jamais fait ça avec lui.
Avec une expression qui ne cachait pas du tout son déçu, il secoua la tête.
« Rien, Yuuyan. Pourquoi ? » il demanda, à contrecœur.
Le plus vieux resta immobile pendant un instant, puis il haussa les épaules et lui donna le bouton.
« Tu peux bien l’avoir si tu veux, pas de souci. J’irai pas à la remise de diplôme, j’ai personne à qui le donner. »
Chinen le regarda, dégoûté.
Il pensa de le refuser, mais cela aurait impliqué donner des explications.
Et, tout à fait, ça n’en valait pas la peine.
Il prit brusquement le bouton de la main du plus vieux et le garda dans sa poche. Puis il leva la tête vers lui, inexpressif.
« Je dois y aller maintenant. Je dois étudier. » il lui dit, ferme, puis il se dirigea vers le salon pour récupérer sa veste.
Il entendit la voix de Yuya, ses pas qui le suivaient, mais cela n’était qu’une perception, il ne les entendait pas vraiment.
« Mais… t’es resté tellement peu ! T’avais pas dit que tu t’ennuyais chez toi tout seul ? » protesta le plus vieux, en le suivant dans l’entrée alors que Chinen remettait ses chaussures.
« Je dois y aller. » il répéta tout simplement, conscient du fait qu’il n’avait pas d’explications à lui donner.
Il sortit, en fermant vite la porte derrière lui et en laissant Takaki à son confusion et sans le temps pour répliquer.
Il sortit du bâtiment, tout en essayant de rechasser la colère et les larmes.
Il commença à marcher vers chez lui ; même si c’était assez distant, il n’avait pas envie de prendre le métro.
Il avait envie de marcher, de penser, d’essayer de se vider la tête.
D’ailleurs, à quoi penser ?
Il ne signifiait rien pour Yuya.
Il n’était qu’un gamin qui rôdait autour de lui, et il ne contemplait même pas la possibilité qu’il pouvait être quelque chose de plus.
Il se sentit bête pour la façon dont il s’était déçu, en pensant qu’il pouvait vraiment être pour lui… n’importe quoi d’autre.
Pour avoir pensé que leur amitié n’était qu’un stade, qu’elle pouvait évoluer.
Pour s’avoir concédé de tomber amoureux, sans comprendre que cet amour était un cul-de-sac.
Sans connaître les limites entre lesquelles il pouvait bouger, parce que même si Yuya avait toujours été bon à céder à ses caprices et ses requêtes, il ne pouvait pas exiger qu’il arrivait au point de se rendre à quelque chose qui allait au-delà de ses possibilités, des choses qu’il considérait réalisables.
Il descendit vers le marchepied qui côtoyait la baie de Tokyo, et il ralentit.
Il s’appuya à la balustrade, il ferma les yeux et respira profondément.
Le bouton dans sa poche pesait comme une pierre.
Il le prit. Il l’évalua, en pensant à ce qu’il était censé signifier, à ce qu’il signifiait en effet.
Parce que ce n’était pas le bouton qui comptait vraiment, mais les sentiments de ce qui l’offrait.
Et Chinen savait que Yuya, en lui le donnant, ne s’était que soumis à sa requête, sans même pas y réfléchir, comme si c’était un truc automatique.
En sentant à nouveau les larmes qui poussaient pour sortir, il jeta le bouton loin, avec tellement de force qu’il ne vit même pas où il avait été avale par la mer.
Mais peu importe.
Il s’était posé des questions sur ce qui le liait à Yuya, et sur les potentialités de ce lien. Et il avait eu sa réponse, au prix fort.
Il n’y avait déjà plus rien envers qui être lié.
Il regarda pour la dernière fois la mer, puis il se retourna et y alla.
Ce qui le liait à Yuya, mentait au fond de la baie, avec ce sacré bouton.